Je vous propose une petite pause sur le temps… le temps d’une pause. Pas celui de la météo, mais bien celui qui se décompte en secondes, minutes, heures… Celui qui s’écoulera pendant presque 3 minutes si vous allez au bout de cet article.
Le temps est une réalité de notre quotidien mais aussi une notion étonnante et malléable. En France, on a décidé depuis 1975 de le changer 2 fois par an, après une pause de 30 ans. Car la première décision de mise en place de ce changement date de 1916 et a été stoppé en 1945. Ces décisions de changement ont pour origine des raisons économiques, des économies d’énergie. La date de 1975 correspond au choc pétrolier.
Mesurer le temps
Pour permettre à chacun de se repérer dans le temps, l’homme a mis en place un système de mesure, d’abord basé sur les cadrans solaires, qui a conduit à définir une unité de temps, l’heure, comme une division en 24 parties, de la période de rotation moyenne de la terre. Pour découper cette heure en minutes et secondes, le choix de la base soixante s’est imposé. Il faut dire que 60 est un excellent nombre car il a de nombreux multiples : 2, 3, 4, 5, 6… À présent ce n’est plus l’heure qui sert d’étalon mais la seconde (dont le nom signifie justement qu’il s’agit au départ d’une unité secondaire de l’heure). Et pour définir cette seconde de manière stable et extrêmement précise, l’homme se base à présent sur un nombre donné d’oscillations de l’atome de Cesium…
En regardant votre trotteuse, vous pouvez imaginer que entre chaque mouvement, un atome de Cesium a le temps d’osciller plus de 9 millions de fois. Passionnant non ?
Ainsi donc il faut déjà comprendre que notre notion du temps est liée à l’observation de la rotation de notre planète sur elle même… Mais ce qui est très difficile à comprendre, et que Einstein a prouvé, c’est que le temps ne s’écoule pas.
Le temps, cette belle illusion…
Et bien en fait, c’est vrai, le temps ne s’écoule pas. Tous vos ressentis, toutes vos intuitions, et tout ce que l’on vous a appris ne sont qu’illusion. Êtes-vous bouleversé(e) par cette nouvelle. La conséquence directe de cette affirmation c’est qu’il n’y a en fait pas de passé, pas de présent, et pas d’avenir. Malgré ma formation scientifique et mon appétence pour cette discipline, je n’accepte toujours pas cette théorie. Ma réticence est en fait surtout liée au fait que cette affirmation implique que “l’avenir” soit déjà écrit. Si c’est le cas, pourquoi lutter contre le réchauffement climatique, pourquoi se battre pour des idées, pour nous préparer un avenir meilleur ? Et enfin qui a donc pris toutes les décisions à l’avance et déjà gravé la suite de notre “présent” de simple observateur ? Le fait d’accepter cette évidence scientifique a donc des conséquences philosophiques majeurs. Pour ma part, je préfère nier cette évidence car le temps donne du sens à ma vie, et en particulier il me permet de continuer d’espérer être libre, de penser que mes actes bons ou mauvais auront des conséquences. Et tant pis pour mes rêves de voyage dans le temps qui ne peuvent être réalistes que si j’accepte les conséquences temporelles de la relativité restreinte d’Einstein.
Revenons à nos montres
Faisons comme si le temps s’écoulait vraiment si vous le voulez bien, éloignons-nous volontairement des vérités scientifiques…
Vous venez de faire une promenade avec votre cher(e) et tendre au bord d’un lac par une journée ensoleillée… Par ce beau temps, vous maugréez contre le sale temps. Celui qui est passé très vite aujourd’hui, alors qu’hier même il a pris ses aises, s’est allongé de toutes ses secondes pendant votre réunion au bureau.
Comment les oscillations de l’atome de Cesium réputées stables vous ont-elles joué ce sale tour ? C’est d’autant plus incompréhensible que pendant ce temps, le même temps a adopté autant de vitesses différentes qu’il a eu d’observateurs.
Si le temps n’est pas une illusion, il est joueur. Mais en fait c’est vous le maître du temps. Vous avez un pouvoir énorme : celui de vous désintéresser de lui à tel point qu’il n’existe presque plus pour vous, jusqu’à ce que vous succombiez à la tentation de remettre le nez sur votre montre. Il est d’autant plus simple de vous en désintéresser que votre esprit est occupé à autre chose. Le temps officialisé vous ramène toujours à la réalité, celle des heures de bureau, des soirées, des week-end… et votre temps est relatif, à vous, à l’attention que vous lui portez.
Prenez votre temps, au temps pour moi, un passe temps, le temps c’est de l’argent, tuer le temps, gagner du temps, prendre du bon temps… les expressions ne manquent pas pour décrire cette illusion. Moi j’ai décidé de me laisser bercer…